S’agit-il d’un mythe, ou trouve-t-il vraiment son fondement dans des faits avérés ? Il n’est pas rare que les joueurs assignent à leurs manettes des propriétés particulières. Certains joueurs ont une manette qui leur convient pour les jeux de combat, une autre pour les jeux de foot, et une autre qu’ils daignent prêter à d’autres. Tout le monde n’a peut-être pas trois manettes différentes, mais ceux qui s’adonnent à la pratique compétitive des jeux-vidéo gardent jalousement leurs équipements. Superstition, réalité ou simple effet de mode ?
La manette de référence
On se souvient presque tous de la première manette qu’on a eu en main. Pour ma part, c’était certainement la manette de Nintendo 64. Une véritable monstruosité, que l’on pouvait tenir d’au moins 3 façons différentes. Une manette qui avait plus de boutons qu’un adolescent… Mais j’en garde d’excellents souvenirs parce que c’est la manette avec laquelle j’ai appris à réaliser des attaques spéciales sur MK4. Avant ça, je jouais exclusivement sur clavier d’ordinateur.
Si je reviens sur cette expérience, c’est parce que ce sont ces deux périphériques qui ont créé les synapses de référence chez moi. Quand je pense aux commandes pour faire un « hadouken » ou une geste technique dans FIFA, je me réfère à la dextérité héritée de cette époque-là. Et je pense que c’est la même chose pour la plupart des joueurs.
Certains ont commencé sur des manettes de PS1 ou PS2. D’autres sur des manettes de XBOX et d’autres encore sur des bornes d’arcade. Il n’est pas simple de passer de sa manette de référence à une autre. Il faut simplement tout réapprendre. C’est toute la mémoire musculaire, développée, consolidée et affinée pendant de nombreuses années qui est à refaire.
Mais, au-delà du type de manette, les joueurs ont tendance à individualiser les manettes elles-mêmes.
Sorry, je ne prête pas ma manette
Comme des athlètes pro qui ont des crampons et des chaussures fétiche ou des gants porte-bonheur, les joueurs déclarent sans cesse qu’ils ont une manette fétiche. On ne cherche pas à refaire le débat sur la dimension « sportive » des jeux-vidéo. Pourtant, dans un contexte où les manettes sont fabriquées à la chaîne, il ne devrait pas y avoir des raisons de penser qu’une manette conviendrait mieux qu’une autre.
Un sondage réalisé sur notre page Twitter a permis de montrer que les joueurs ne sont vraiment disposés à prêter leurs manettes qu’en cas de force majeure.
Certes, ce sondage compte très peu de participants et les raisons du refus ne sont pas évoquées. Disons simplement que la méthode scientifique a été bâclée sur ce coup.
Toujours est-il qu’on a certainement déjà entendu dire qu’une manette répond mieux qu’une autre pour les dribbles, pour les gestes techniques, pour les Shoryukens dans SF ou pour les EWGF dans TEKKEN. L’argument revient tellement qu’on finit par y donner du poids.
Mon précieux !!
Dans les faits, ce n’est pas nécessairement une superstition ou un prétexte pour ne pas prêter sa manette. Il faut rappeler que tous les jeux ne demandent pas la même exploitation de la manette.
Généralement (je dis bien à titre général), des jeux de sports ne sont pas aussi rigoureux sur les touches directionnelles que les jeux de baston. Et de ma propre expérience, j’ai pu constater que des commandes qui étaient pénibles sur une manette neuve, deviennent plus simples avec le temps. Me suis-je habitué à la manette ou l’ais-je plutôt adaptée à mes besoins ?
Il faudra une étude plus méthodique que celle-ci pour arriver à la réponse définitive. Mais, si cette adaptation se fait au niveau de la manette et non pas dans la tête du joueur, alors on comprend mieux la réticence à prêter son équipement à un autre joueur. En particulier si ce dernier joue à un jeu qui exploite les mêmes zones de la manette.
Après, il faut souligner que dans le monde compétitif, les rituels et superstitions abondent. Ils ne sont peut-être pas fondées sur des éléments concrets, mais ils font partie des habitudes des sportifs. C’est peut-être tout aussi simple pour la pratique compétitive des jeux-vidéo ? Peut-être qu’il ne faut pas chercher plus loin ?
Bref, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà eu à servir cet argument ou vous l’a-t-on déjà servi ? Mythe et superstition ou pratique fondée sur des expériences avérées ?