Fonder ou rejoindre une communauté de jeux-vidéo au Bénin n’est que le premier pas. Il faut savoir s’y prendre pour attirer de nouveaux joueurs et les accueillir convenablement. Les conseils ci-après sont fondés sur mon expérience dans la FGC (communauté des jeux de combat), mais ils s’appliquent globalement à tous types de communautés de gaming compétitif.
Vous recherchez des conseils pour développer votre communauté de jeux-vidéo au Bénin ? Vous aimeriez pouvoir trouver les points essentiels et les étapes à suivre pour faire grandir le nombre de joueurs ? Vous souhaitez pouvoir profiter de la sagesse des personnes qui ont développé l’une des communautés les plus robustes du moment ? Merci de chercher ailleurs. 😢
Cet article ne présente pas les 10 conseils et astuces d’un quelconque guru dans le domaine. C’est plutôt une réflexion ouverte, sur les éléments qui doivent absolument être présents. Ce n’est pas du haut de mes accomplissements antérieurs que j’écris ce texte, c’est plutôt à l’ombre des lacunes et des absences qui nuisent continuellement aux efforts de l’e-sport au Bénin.
Le rôle des éditeurs
Le but de ce texte est de répondre à la question suivante : « Qu’est-ce qui doit être fait pour développer une communauté de jeux-vidéo au Bénin ? ». On évitera les comparaisons incessantes, parce qu’elles tendent à nous convaincre que l’absence de moyens et d’infrastructures sont les seuls obstacles. Cela dit, quand il s’agit d’e-sport au Bénin, il faut tout de même placer les choses dans leur contexte.
Nous sommes dans un environnement où les éditeurs sont purement et simplement absents. Alors qu’ailleurs, ils investissent pour soutenir les communautés compétitives, ce n’est pas le cas ici. Après tout, le continent africain en général n’est pas encore perçu comme un marché suffisamment juteux. Et ce n’est pas par bonté de cœur qu’un éditeur développe son circuit de compétitions.
S’il est vrai que l’Afrique du Sud, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et de nombreux autres pays du continent sont ou deviennent attractifs aux yeux des éditeurs (en particulier dans le gaming mobile), ce n’est CLAIREMENT pas le cas du Bénin. Mais passons, nous ne sommes pas là pour parler de considérations telles que le pouvoir d’achat, la qualité de la connexion internet dont on se vante pourtant, ou le coût de l’accès à divers éléments indispensable.
Les obstacles à la communauté de jeux-vidéo au Bénin
La scène locale ressemble à un véritable nœud gordien. Les joueurs ont beau être passionnés, ils n’ont pas tous accès aux consoles et aux jeux. Ils ont beau avoir les jeux, ils n’ont pas l’infrastructure d’accompagnement nécessaire pour trouver de nouveaux adversaires et progresser. Ils ont beau trouver des adversaires, ils n’ont pas de compétitions pour sous-tendre leurs efforts. Même lorsque des compétitions sont lancées, la communauté de jeux-vidéo au Bénin n’est pas suffisamment grande pour en supporter le poids économique.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la litanie des problèmes est bien longue. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas de solutions. Et il ne s’agit pas nécessairement de trancher le nœud métaphorique avant de pouvoir avancer. Pour commencer, identifions les 3 obstacles majeurs qui entravent toute progression durable :
- L’accès au matériel et aux jeux
- Les tournois, ligues et compétitions diverses
- Élever la nouvelle génération de joueurs
Comment défaire le nœud ?
1. L’accès au matériel et aux jeux
Au Bénin, le salaire minimum légal est de 40.000 CFA par mois. Le salaire d’un cadre A1 qui rentre dans la fonction publique s’élève à 120.000 CFA environ. Ces informations, c’est internet qui les avance. Moi, je m’abstiendrai de commenter. Toujours est-il que pour une console de jeu qui coûte au bas mot 150.000 CFA, ce n’est pas un marché propice.
Si on s’imagine qu’un gameur déterminé peut décrocher un BAC+5 et rentrer dans la fonction publique pour financer sa passion, ce n’est pas le cas de tous. D’autant plus que certains des joueurs sont loin d’avoir passé le cap du BAC.
La solution consiste à se constituer en associations ou en collectifs (comme AfriGamers d’ailleurs), pour mettre en commun les ressources et les moyens. L’objectif : permettre aux joueurs désireux de rejoindre la communauté de jeux-vidéo, de se rendre chez tel ou tel autre, de pouvoir fréquenter un dojo ou d’emprunter des consoles pour s’adonner pleinement (mais de manière responsable) au jeu.
2. Les tournois, ligues et autres compétitions
Il ne sert à rien de s’entraîner des semaines durant pour un jeu compétitif, sans pouvoir participer à un événement compétitif. C’est la culmination du parcours après tout. Et même si la victoire n’est pas garantie, pouvoir se frotter à d’autres joueurs est un accomplissement en soi.
Pour que la communauté de jeux-vidéo au Bénin survive, il faut absolument que cette dimension compétitive soit présente. Certes, il peut arriver quelques rares fois, que des joueurs même sans réelles perspectives de compétition parviennent à rester soudés sans tournois ou ligues. Mais ça reste l’exception. Toutes les communautés peuvent pas être faites du même genre de truands et de tortionnaires que la communautés SF du Bénin.
Encore une fois, la solution consiste à développer des ligues ou des circuits de compétition locaux. Pas besoin d’avoir le soutien des éditeurs ou de gros sponsors. Il faut résister à la tentation de faire des gros événements dès le départ et promettre des cash prizes colossaux. Les tournois doivent récompenser l’engagement des joueurs d’abord. Récompenser l’excellence, ça viendra plus tard.
3. Élever la nouvelle génération de joueurs
Ici, « nouvelle génération » ne fait pas nécessairement mention à « plus jeunes » ou « enfants ». Le terme fait simplement référence à ceux qui débutent. C’est un point sur lequel les communautés de gaming sont maladroites. En particulier la communauté de jeux-vidéo au Bénin. Du moins, pour ce que j’en sais.
Comme évoqué dans l’article sur la difficulté des jeux de baston, les joueurs qui débutent ont vraiment l’impression de devoir surmonter la tour de Mortal Kombat. Chaque interaction est une punition. Chaque tentative se solde par un échec. C’est un bizutage de plusieurs semaines qui ne laisse place qu’aux joueurs les plus têtus et les plus hargneux. Mais surtout, c’est un cercle vicieux. On a tous des anecdotes des misères que les « grands frères » nous ont fait subir. Et on y voit un rite de passage qu’il faut faire vivre aux débutants.
Il faudrait plutôt se défaire de cette mentalité. Il est crucial de pouvoir accompagner les joueurs en sacrifiant son temps et son énergie pour qu’ils acquièrent les bases du jeu. Il faut qu’ils puissent trouver leurs repères et s’armer des concepts et mécaniques du jeu avant de se lancer dans l’aspect plus compétitif du jeu. Ensuite, lorsqu’ils seront mieux équipés, libre à nous de les rétamer dans la plus grande cordialité.
Mais il faut absolument encourager les joueurs à progresser et arrêter de leur donner l’impression qu’on les punit pour l’intérêt qu’ils portent au jeu. Ce n’est pas une chasse gardée, c’est censé être une communauté.