Alors que la Next Gen représentée par la PlayStation 5 (PS5) et la XBOX Series X (XBSX) est sur le point de sortir, il est peut-être temps de s’interroger sur ce qu’elles représentent pour les gameurs en Afrique (en particulier au Bénin). Les consoles de cette nouvelle génération, ont concentré l’essentiel de leur communication sur les performances et les fonctionnalités hallucinantes. Des fonctionnalités qui, pour le gameur au Bénin, ne seront pas vraiment exploitées. En effet, la next-gen, comme on aime l’appeler, brouille encore plus les frontières entre console physique et plateforme numérique. Un argument de vente puissant ailleurs, qui se transforme presque en obstacle insurmontable ici.
Next Gen : La course à la performance
En Mars 2017, la Nintendo Switch a été officiellement lancée. Avant son lancement, il y avait déjà de nombreuses colonnes de presse qui s’insurgeaient contre le supposé manque de performance de la dernière console de Nintendo. Pour beaucoup de personnes, Nintendo ratait une opportunité d’ouvrir le bal des consoles de la « next-gen ».
Trois ans plus tard, la console de Nintendo a fait ses preuves. Elle se porte très bien et continue d’introduire des concepts complètement nouveaux. De Ringfit Adventure à Mario Kart Live : Home Circuit, les innovations fusent de toutes parts. Et pour moi, personnellement, qui suis un gameur au Bénin, elle est l’un de mes meilleurs achats en matière de jeux-vidéo.
S’il y a un point sur lequel la Switch n’a toujours pas pu convaincre, c’est son service « ONLINE ». Bien qu’il soit moins coûteux que celui de PlayStation ou XBOX, ceux qui l’ont testé le trouvent défaillant, incomplet et peu satisfaisant dans l’ensemble. Ils y voient une fausse-note dans le palmarès presque parfaite de la console.
Pour moi par contre, c’est tout l’inverse. Un service « ONLINE » peu optimisé envoyait déjà un message claire à l’époque. Nintendo ne comptait pas rendre cette dimension indispensable à la jouissance normale de ses produits. En tant que gameur au Bénin, affligé par la qualité d’une connexion très peu satisfaisante, j’étais rassuré. Ce qui nous mène à la sortie imminente de la « next-gen ».
L’accélération du jeu-vidéo dématérialisé grâce à la Next Gen
Au cours des dernières semaines, XBOX et PlayStation ont livré des aperçus plus détaillés de leurs systèmes. Notamment l’interface utilisateur et certaines des nouvelles fonctionnalités. Dans ces présentations, deux éléments ont été annoncés par les deux marques.
- Une meilleure gestion du téléchargement des données grâce aux pièces et architectures réseau optimisées ;
- La simplicité avec laquelle les joueurs pourront profiter des mécaniques sociales de ces nouvelles consoles (créer des parties, rejoindre d’autres joueurs, diffuser ses sessions de jeu en privé ou en public, etc.)
Ce n’est pas tout à fait nouveau. Vanter la « connectivité » des consoles est un argument de vente de la génération passée (ou actuelle plutôt). Après tout, il faut pouvoir encourager les joueurs à adhérer aux services en ligne (XBOX Live et PlayStation Plus) si on souhaite faire du chiffre.
La plupart des industries du divertissement sont déjà passées au modèle d’abonnement. Les services en ligne sont la solution dont les fabricants se servent pour assurer leur transition. Pour des gameurs béninois ou dans tout autre pays où la connexion internet est un véritable casse-tête, ce n’est toutefois pas une promesse encourageant.
Déjà, la plupart des gameurs qui s’intéressent à la PS5 au Bénin n’envisagent pas d’acheter la version digitale. Même si l’autre version est plus chère, elle est le choix rentable en raison du coût de la connexion internet.
Pour illustrer le propos, imaginons un jeu qui pèse environ 100 Go. Ce jeu sera peut-être vendu à 60€ (soit 40.000 FCFA). Avec les FAI béninois, 100 Go de données de connexion à un débit « rapide » coûtent environ 45€ (soit 30.000 FCFA). La facture du gameur au Bénin s’élève donc à 105€ pour ce jeu. Et si par malheur le jeu propose une mise-à-jour en « Day 1 » ou que 60% du contenu intéressant est uniquement accessible avec un abonnement aux services online, la facture devient encore plus salée. Et pour être franc, ce problème n’est pas limité au gaming sur consoles.
Le gameur au Bénin n’en a pas pour son argent
J’ai conscience qu’à la lecture de ce texte, on se dit que je suis nostalgique de l’époque où les jeux sortaient complets et étaient entièrement autonomes pendant toute leur durée de vie. Ce n’est pas tout à fait le cas. J’ai bien conscience que la vie du gameur n’était pas meilleure simplement parce qu’internet n’était pas encore tissé dans le modèle économique des fabricants et développeurs.
Ce texte a plutôt pour vocation de souligner l’écart qui se creuse dans l’accessibilité des jeux-vidéo pour les gameurs en Afrique (au Bénin en particulier) et le reste du monde. Dans certains territoires, les solutions de game-streaming comme Stadia ou les nouvelles plateformes d’Amazon et de Facebook peuvent avoir l’air d’être des solutions viables. Ce n’est pas encore le cas pour le gameur au Bénin.
Cet état de fait souligne encore plus l’importance, pour l’écosystème du jeu-vidéo en Afrique, qu’il y ait plus de développeurs et de jeux-vidéo africains qui s’adressent aux joueurs sur le continent. Des développeurs conscients des habitudes de consommation des joueurs et des obstacles auxquels ils font face. Ce n’est peut-être alors que le gameur au Bénin et tous les autres sur le reste du continent pourront enfin avoir le sentiment d’en avoir pour leur argent quand il s’agit de consoles et de jeux-vidéo.
Le musée des anciennes générations
Avec la sortie imminente des consoles next gen, on franchira le pas d’un nouveau cycle. La PS4 et la XBOX One deviendront officiellement des ancêtres. Et même si les fabricants prévoient de continuer à les supporter jusqu’en 2022, leur glas aura déjà sonné.
Au Bénin et dans de nombreux autres pays du continent, ce sera le signe que la chasse est ouverte. Avec les prix cassés et le renflouement du marché d’occasion, ce sera enfin l’occasion pour plus d’un gameur au Bénin de s’offrir une PS4 ou une XBOX One.
Certes, les jeux seront « dépassés » et les performances seront loin du « nec plus ultra » du moment. Ils courent également le risque que certains jeux soient carrément abandonnés par les développeurs et que les serveurs soient fermés. Mais, ce n’est pas un problème d’autant plus que même avec des serveurs en pleine santé, l’accès depuis le Bénin n’est jamais simple (merci type NAT strict). Et pour ce qui est des « vieux » jeux, la tendance au remaster des développeurs garantit que les jeux restent pertinents bien plus longtemps que par le passé.
Bien entendu, ceci n’est que mon opinion personnelle en tant que gameur au Bénin. Qu’en est-il des autres pays de la sous-région ou du continent ? Pensez-vous que la next gen convienne à vos réalités ?